L'image est forte. Après avoir célébré la sainte Barbe, sainte patronne des mineurs, le 4 décembre dernier, les équipes du groupement d'entreprises Lyon-Torino CO.08, piloté par Implenia (Implenia, NGE, Rizzani De Eccher et Itinera Spa), ont démarré, le lendemain, le creusement de l'entrée du tunnel de base du Lyon-Turin à Saint-Julien-Montdenis.
Lyon-Turin : un chantier 7 jours/7 et 24 heures/24
Un moment forcément symbolique, ne serait-ce que par l'ampleur de la tâche. "Pour le moment, entre 100 et 150 personnes sont mobilisées 7 jours/7 et 24 heures/24 sur le chantier, indique Emmanuel Humbert, directeur adjoint constructions chez Tunnel euralpin Lyon-Turin (TELT). Et au plus fort de l'activité, ils seront plus de 300."
Lyon-Turin : la vidéo du démarrage du percement du tunnel de base
Mais avant ça, les équipes ont d'abord dû procéder à une longue phase de préparation. "Il faut aujourd'hui un peu d'imagination pour bien visualiser, mais le site était très différent il y a quelques mois, précise Bernard Sosnonowski, directeur du chantier pour NGE. Les terres ont été excavées et terrassées (290 000 tonnes de matériaux excavés, Ndlr) pour atteindre la côte du tunnel de base. Des parois de soutènement ont été prolongées et le terrain a été renforcé grâce notamment à la technique du jet grouting (injection de béton dans le sol, Ndlr)."
Un hangar acoustique a également été installé au niveau de l'entrée du tunnel de base. "Il va permettre de protéger les habitations environnantes du bruit."
Une voute parapluie pour protéger le percement du tunnel Lyon-Turin
Lundi 5 décembre, c'est donc la première phase du percement du tunnel de base qui a débuté à Saint-Julien-Montdenis. Un travail de fourmi rendu compliqué par la nature même du terrain.
"Ici, nous sommes en présence de terres meubles, composées de galets et de matrice, explique Emmanuel Humbert. C'est pourquoi nous creuserons avec la méthode dite conventionnelle."
Conséquence, la progression sera lente, "de un à deux mètres par jour". "Ce sont le terrain et les études géologiques menées qui décident."
Cette méthode nécessite également un gros travail de sécurisation. "Comme on est ici sur un terrain composé d'éboulis, on se doit de faire un vrai renforcement au préalable du percement. Pour ça, on installe une sorte de voute parapluie, qui est une auréole de tubes métalliques. Et ensuite, l'excavation est faite au brise-roche avant que les parois ne soient consolidées par injection de béton (produit sur place grâce à la centrale à béton installée sur site, Ndlr)."
Ce procédé devrait être préconisé sur une longueur de 500 mètres "soit un an de travaux".
Un creusement du tunnel à l'explosif d'ici un an
Après ça, les équipes du groupement piloté par Implenia pourront utiliser une technique à l'explosif. "Le terrain sera moins meuble, ce qui nous permettra d'avancer plus vite, d'environ quatre mètres par jour ", précise Xavier Darmendrail, directeur constructions chez TELT.
Le chantier Lyon-Turin à l'heure actuelle
Dix chantiers sont actuellement actifs entre la France et l'Italie. A l'heure actuelle, 30 kilomètres du tunnel ont été creusés sur les 162 prévus pour l'ouvrage (2 tunnels parallèles, 4 descenderies et 204 rameaux de sécurité). 10 kilomètres du tunnel de base ont été achevés.
Une fois excavés, les matériaux seront ensuite déposés sur le site de Plan d'Arc. "Et lorsque ça sera possible, on va les concasser sur place pour pouvoir faire des granulats de béton qui seront réutilisés pour le tunnel ou la future plateforme ferroviaire de Saint-Jean-de-Maurienne par exemple, ajoute Emmanuel Humbert. Ce que l'on souhaite, c'est recourir le moins possible à des ressources externes."
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Rejoindre la descenderie de Saint-Martin-La-Porte
Objectif final de cette tranche de travaux, rejoindre la descenderie de Saint-Martin-La-Porte, située à plus de trois kilomètres de l'entrée du tunnel de base de Saint-Julien-Montdenis.
Après ça, en 2024, un autre groupement d'entreprises piloté par Vinci construction prendra le relais et percera le tunnel sur 23 kilomètres, en direction de Villarodin/Bourget-Modane. Et pour cette tranche, terminé le travail de fourmis, le creusement se fera… à l'aide d'un tunnelier.