Vous êtes présidente de la chambre « Maçonnerie - Béton Armé », la reprise des chantiers est-elle une réalité dans votre secteur d'activité ?
Certains chantiers ont repris juste après Pâques, mais la majorité depuis la semaine dernière. Il s'agit d'un redémarrage progressif, les premiers chantiers font office de test... Pour ceux qui sont à forte co-activité, cela va prendre plus de temps.
Comment ça se passe sur le terrain ?
Les équipes reprennent le travail. La mise en place de tous les gestes barrière, les mesures d'affichage, la distribution de gel, et surtout l'arrivée des masques, rassurent nos compagnons. Ils s'interrogent pour les chantiers à forte co-activité, ce qui est logique... Nous allons devoir faire évoluer l'organisation globale de nos chantiers.
Ceux qui ont repris jouent le jeu des précautions sanitaires ?
Nous avons arrêté nos chantiers pour préserver la santé de nos salariés. Une fois le guide de l'OPPBTP sorti, nous avons travaillé à la reprise de notre activité en mettant en place ses recommandations. Ce guide nous a aidés. Nos compagnons ont repris le chemin des chantiers car ils ont confiance en nous. Les mesures que nous avons prises les rassurent, et le travail d'échange et de pédagogie avec nos équipes était indispensable à la bonne reprise de notre activité.
Vous avez trouvé le matériel de protection sanitaire sans trop de problèmes ?
Les masques étant un produit très demandé, les approvisionnements ont mis du temps. Face aux besoins, les entreprises s'entraident. C'est un des points positifs de cette crise. Elle révèle ceux qui se replient sur euxmêmes et ceux qui s'ouvrent aux autres et se soudent. Notre Fédération a été pour cela un appui précieux et les services de BTP Rhône nous ont en permanence transmis des informations primordiales pour nos entreprises comme les guides, les bonnes pratiques, les évolutions de la réglementation… Cette crise est un véritable marathon !
Justement quel est votre rôle en tant que présidente de Chambre ?
Un président doit fédérer. Dès le début de la crise, nous avons mis en place des modes de communication utiles aux entreprises afin de transmettre au plus vite les informations qui ne cessaient d'évoluer quotidiennement (groupe de discussion, visio, …). L'échange et l'entraide ont constitué le fil rouge de nos réunions. Deux groupes de travail ont été mis en place afin de travailler sur la reprise de l'activité. Le premier groupe a travaillé sur la nouvelle organisation de nos chantiers avec la mise en place des préconisations et des nouvelles règles sanitaires. Le second groupe a travaillé sur l'économie du chantier et les répercussions des surcoûts liés au Covid 19. Les entreprises ont été très impliquées et je tiens à les remercier.
Quelles sont les demandes de vos adhérents ?
Depuis plusieurs jours, la préoccupation principale des adhérents de notre chambre est l'impact financier du Covid 19 sur leur compte d'exploitation. Les entreprises jouent le jeu de la reprise mais sont inquiètes à juste titre. Les répercussions de cette crise vont être considérables et nous avons besoin que les acteurs de la construction nous aident dans cette période très compliquée. Les mesures prises par l'Etat nous ont aidés mais le mur de la dette est un risque bien réel. Nous travaillons avec nos clients pour la prise en compte de l'allongement des délais et de l'immobilisation du matériel. Raccourcir les délais de paiement et lever les bonnes fins de travaux sont également des pistes de réflexion. Nous avons besoin aussi des collectivités. Nous avons demandé que les droits de voierie soient stoppés le temps de la crise. Ces dernières doivent également faciliter la reprise des chantiers et des instructions de permis de construire afin de favoriser la reprise de l'économie. La gestion de cette crise doit être commune afin de permettre un redémarrage de l'activité au plus tôt.
Vous connaissez des problèmes d'approvisionnement ?
Certaines usines de préfa n'ont pas redémarré et cela risque de bloquer la production. Pour le béton, les centrales approvisionnent correctement. Pour les aciers, il faudra être vigilants car les matériaux viennent principalement d'Italie et d'Espagne.
Comment réagissent vos collègues à l'ensemble des difficultés auxquelles ils doivent faire face, comme les surcoûts par exemple ? Le partage des surcoûts devient une réalité ?
La question de la prise en charge des surcoûts est prépondérante. Le surcoût généré sur la main d'œuvre est de 15 %, sachant que ce poste représente plus d'un tiers de nos dépenses. Ce sont des impacts très forts et les entrepreneurs ont peur pour la santé économique voire la pérennité de leur entreprise. Certains de nos clients ont été exemplaires et ont réagi tout de suite en prenant en charge les mesures sanitaires et une partie du surcoût. La notion de partenariat prend tout son sens. Pour préserver notre tissu économique local, nos valeurs doivent être guidées par le dialogue, la solidarité et la bienveillance.