Quand le bâtiment va, tout va... parait-il. Mais actuellement, plus rien ne semble tourner rond dans la filière BTP dont les acteurs tirent la sonnette d'alarme. L'état des lieux présenté au siège de la Fédération de l'Ain du bâtiment et des travaux publics (BTP Ain) à Bourg-en-Bresse, dans le cadre de l'Observatoire de la commande publique et en présence de la préfète Cécile Bigot-Dekeyser, aura permis l'expression des inquiétudes des professionnels.
14,5 M€ dans le cadre du Plan de relance pour le BTP de l'Ain
Certes, comme l'a rappelé la représentante de l'Etat très à l'écoute des professionnels visiblement désemparés, le plan de relance du gouvernement a fourni de l'oxygène à l'activité mise à mal par la crise sanitaire. En 2021, les territoires de l’Ain ont reçu une aide conséquente : 14,5 M€.
Un pactole auquel il convient d'ajouter une enveloppe exceptionnelle de 12 M€ pour les communes et les intercommunalités. En 2022, le même scénario s'est reproduit avec en plus, des efforts en faveur de la rénovation énergétique.
Capacité d’investissement menacée
Mais pendant ce temps, l'inflation explose et les prix des matériaux atteignent des sommets rendant les devis éphémères. Le gaz, l'électricité s'enflamment et la capacité d'investissement des collectivités publiques se retrouve menacée.
En 2021, le BTP a pesé dans l'Ain 2,1 milliards d'euros. Ses 2 440 enseignes emploient 12 620 salariés et 1 220 intérimaires. C'est dire... "Nous faisons face à une situation inédite", souligne Pierre Convert, président de BTP Ain. Dans son sillage, les chefs d'entreprise expriment leur peur de voir au cours des prochains mois le logement neuf s'effondrer. Des programmes immobiliers se retrouvent gelés et les entreprises constatent une chute de 15 % du nombre d'appels d'offre provenant des maîtres d'ouvrage publics. Il en va de même des permis de construire.
Les professionnels ont dit sans détour leur désarroi et leur angoisse de se retrouver en situation de devoir mettre au chômage leurs collaborateurs. Le président Pierre Convert s'est adressé aux investisseurs, collectivités et bailleurs sociaux, soupçonnés de frilosité et tentés de revoir leur copie à la baisse : "Il est illusoire de croire qu'en reportant les projets, les prix des ouvrages diminueront dans les années à venir. J'invite nos élus à soutenir une réelle planification des projets publics et à tout mettre en œuvre pour atteindre un meilleur taux de réalisation de ces derniers."