Ne pas gaspiller l'eau à Lyon, un enjeu majeur. En France, le rendement du réseau, c'est-à-dire la différence entre le volume d'eau produit et le volume d'eau délivré aux compteurs des clients, se situe à 79,8 %. Des millions de m3 d'eau potable sont donc perdus chaque année. Dans la Métropole de Lyon, le résultat est bien meilleur que la moyenne nationale et a surtout fortement progressé. En 5 ans, le rendement du réseau s'est amélioré de 8 % passant de 77 % en 2015 à 85,3 % en 2020.
8 chasseurs de fuites à l'oreille aiguisée
Pour parvenir à ce bilan encourageant, Eau du Grand Lyon a mis en place différentes mesures pour chasser les fuites sur les 4 000 km de réseaux. "Sur 3 000 km de réseaux, nous analysons les débits de nuit afin d'identifier les tronçons à investiguer. En cas d'anomalie, nous envoyons sur place un de nos 8 chasseurs de fuite pour écouter les canalisations et repérer la fuite d'eau. Ces techniciens sont l'équivalent des oreilles d'or de la Marine nationale", explique Stéphane Ravanat, directeur du Laboratoire d'Expertise Opérationnelle d'Eau du Grand Lyon.
"Une fuite d'eau émet un bruit particulier qui varie en fonction de son débit, la pression de service, la forme et la taille de la cassure. J'ai l'impression de faire un métier utile car cette lutte contre le gaspillage d'eau potable est primordiale pour l'environnement et vitale pour les années à venir", témoigne le chasseur de fuites Gilles Nurit.
1 % du réseau renouvelé dans la Métropole de Lyon chaque année
Sur les 1 000 km de réseaux restants, 6 000 capteurs permettent une localisation de la fuite au mètre près. "Les capteurs ont été installés dans les zones urbaines très denses où les écoutes sont plus compliquées", précise Stéphane Ravanat.
Grâce à cette organisation, 1 810 km de réseaux ont été inspectés l'an dernier et 646 fuites ont été détectées, dont un tiers par les capteurs. Repérage de la fuite, demandes d'autorisation, préparation technique de l'intervention, travaux, contrôle acoustique et vérification du débit de nuit s'enchaînent alors pour solutionner le problème.
La pose des capteurs et le suivi digital des interventions constituent une vraie rupture technologique et ont considérablement facilité la lutte contre le gaspillage d'eau potable. "Le renouvellement de canalisations représente 1 % du réseau par an, soit 40 km. Pour prioriser les remplacements, nous privilégions les tronçons les plus défaillants et à plus fort impact sur la continuité de service", fait savoir le directeur du Laboratoire d'Expertise Opérationnelle.
7 000 alertes envoyées aux consommateurs en 2020
Les consommateurs sont également acteurs pour limiter les pertes en eau. Plus de 400 000 compteurs d'eau télérelevés ont été déployés en 5 ans sur l'agglomération. Chaque compteur connecté permet d'enregistrer automatiquement les volumes consommés, puis de transmettre ces données au centre de pilotage Hublo afin d'analyser des écarts anormaux. "
En 2020, nous avons envoyé quelque 7 000 alertes de fuites aux consommateurs. Les clients peuvent aussi définir un seuil de consommation et être prévenus en cas de dépassement alors qu'ils sont en vacances par exemple", indique Stéphane Ravanat.
"Diminuer les prélèvements en eau douce de 10 % d'ici 2030"
Toutes ces actions portent le fruit et permettent d'économiser 7 millions de m3 d'eau par an. C'est l'équivalent de la consommation d'eau de Villeurbanne ou de 2 800 piscines olympiques ! Mais les efforts doivent se poursuivre.
"L'ambition nationale de Veolia est de diminuer les prélèvements en eau douce de 10 % d'ici 2030. Les deux leviers sont la réutilisation des eaux usées pour des usages d'irrigation, d'arrosage des espaces verts voire pour les besoins industriels, et la sensibilisation du consommateur pour une consommation maîtrisée de l'eau du robinet"», partage Sophie Montmailler, directrice de la communication de Veolia Activité Eau Région Centre Est.