Après une année 2022 quasiment schizophrénique, entre activité au rendez-vous et pression économique quotidienne, les artisans du bâtiment espéraient un exercice 2023 plus apaisé. Mais, à en croire le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon, les prochains mois pourraient être difficiles à vivre.
C'est dans ce contexte que le président de la Confédération de l'artisanant et des petites entreprises du bâtiment demande aux pouvoirs publics un plus grand soutien. Entre mise en place du prêt garanti vert, facilitation des groupements momentanés d'entreprises et simplification administrative.
Après une année 2022 plus que contrastée, comment se présente 2023 pour l'artisanant du bâtiment?
On a une grande difficulté à se projeter sur 2023. Il y a tellement d'incertitudes et d'inquiétudes.Face à ce contexte, on demande à l'Etat une attention particulière, pour que l'on puisse renforcer notre activité et développer les capacités à engager des chantiers.
"Il faut que l'Etat soutienne les ménages"
A la Capeb, on milite pour la création d'un prêt garanti vert, qui permettrait de financer l'investissement que représente la rénovation énergétique. Il faut que l'Etat soutienne les ménages, qui sont nos principaux clients, dans leurs démarches de travaux. Et que les banques s'engagent, dans un souci sociétal, dans cette démarche environnementale. C'est indispensable, sinon demain, en dehors de MaPrimeRénov, plus personne n'aura les moyens de faire baisser sa facture d'électricité.
Vous militez aussi pour un projet de loi facilitant les groupements momentanés d'entreprises. Pourquoi?
On veut que nos entreprises artisanales puissent être en première ligne dans ce virage de la rénovation énergétique. Mais, si on ne les aide pas, ce sont les entreprises dites généralistes qui vont capter tous les marchés. Le groupement momentané d'entreprises offre une sécurité juridique et permet de distinguer la responsabilité de chaque acteur selon son intervention sur le chantier.
C'est le rôle d'une organisation patronale comme la notre d'être visionnaire sur les marchés à venir"
Il facilite aussi les choses pour le particulier qui, pour ses travaux, n'aura qu'un seul interlocuteur, qu'on appelle à la Capeb le capitaine de chantier. C'est lui qui va gérer les devis et le planning. Mais, pour que ça marche, il faudra aussi que l'on inculte à nos artisans un sens du collectif qu'ils n'ont pas toujours. C'est le rôle d'une organisation patronale comme la notre d'être visionnaire sur les marchés à venir. Et le marché qui porte notre secteur, c'est celui de la rénovation énergétique, où l'on se doit de jouer collectif.
Depuis longtemps, la Capeb milite pour une simplification administrative. Avez-vous l'impression d'être entendu, notamment sur les dispositifs en faveur de la rénovation?
Pas du tout. On avait demandé une simplification administrative notamment sur la partie RGE et CEE. Emmanuelle Wargon, alors ministre déléguée du Logement, avait notamment commandé un rapport à une délégation ministérielle, qui a abouti sur la rédaction d'un audit et de préconisations. Mais depuis, rien n'a été fait. La semaine dernière, on a donc demandé à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, de s'emparer de ce rapport et de le mettre en place.
La seule solution des pouvoirs publics a été de mettre en place des contraintes administratives et des contrôles qui n'ont eu qu'un effet, éloigner les entreprises vertueuses de ces marchés de la rénovation"
Aujourd'hui, les artisans sont perdus devant la complexité des procédures qui, en plus, changent sans cesse. A côté de ça, il y a une fraude des éco-délinquants à MaPrimeRénov. Et pour y faire face, la seule solution des pouvoirs publics a été de mettre en place des contraintes administratives et des contrôles qui n'ont eu qu'un effet, éloigner les entreprises vertueuses de ces marchés de la rénovation. Ça n'est pas normal.
Jeudi 2 février, vous présentez un livre blanc, réalisé avec CCCA BTP, sur "l'alliance indispensable entre la génération A et les entreprises artisanales du bâtiment". Pourquoi ?
La génération Z et les entreprises artisanales du bâtiment ont beaucoup d'ADN commun, contrairement à ce que l'on pourrait croire. La génération qui arrive veut travailler différemment, à travers un métier qui a un sens. La notion travail seule ne suffit plus. Je pense que nos métiers de l'artisanat du bâtiment peuvent les combler. Ils pourront d'un côté bien vivre de leur activité tout en ayant un vrai rôle dans la société, en participant à la rénovation des 30 millions de passoires thermiques. Pour la génération Z, ça peut vraiment avoir un sens. C'est ce qu'on va mettre en avant à travers ce livre blanc, où ces deux mondes vont dialoguer.
[J-7] 📆 RDV le 2 février aux Rencontres de la #CAPEB
— La CAPEB (@capeb_fr) January 26, 2023
« Et si notre capacité à faire plus et mieux pour la #transitionenvironnementale reposait sur l’alliance entre la #générationZ & les entreprises artisanales du #bâtiment »
Inscriptions ici ➡️ https://t.co/m3WZ6gIfPypic.twitter.com/cX4nYk0pIO
Réforme des retraites : "Que l'usure prématurée soit gérée dans un fonds de mutualité"
Négociateur au sein de l'U2P pour la réforme des retraites, Jean-Christophe Repon connait bien le dossier qui secoue l'actualité sociale du moment. Et selon lui, les mesures proposées par le gouvernement vont dans le bon sens. "Pour nos petites structures, si l'on veut prendre en compte l'usure prématurée, les critères de pénibilité défendus par certains syndicats ne sont pas la bonne solution. On ne veut pas que la prise en compte de l'usure prématurée devienne une usine à gaz à la charge du chef de l'entreprise, comme c'était le cas avec l'ancien C3P."
"Ce que l'on demande, et qui apparait dans le projet de loi, c'est que l'usure prématurée soit gérée dans un fonds de mutualité. Ça veut dire, demander à un médecin de regarder, dès 45-50 ans, où en est notre collaborateur, pour pouvoir ensuite l'accompagner, vers une reconversion quand c'est nécessaire."