A première vue, le chantier de réhabilitation mené par le groupe Lorillard et sa filiale Lorillard bâtiment à Pierre-Bénite n'a rien d'exceptionnel.
En zone PPRT, la tenue des fenêtres doit être garantie
Pourtant, à y regarder de plus près, la mise aux normes des 272 menuiseries de la résidence Les Hautes Roches a demandé une vraie expertise. Il faut dire qu'ici, on est en plein cœur de la Vallée de la chimie, à quelques encablures du site d'Arkema, classé Seveso seuil haut.
"C'est une zone PPRT (NDLR : plans de prévention des risques technologiques) où la tenue des fenêtres doit être garantie", indique Bruno Ponthus, chargé d'affaires du groupe Lorillard pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. La raison, l’analyse des accidents passés et les expertises techniques montrent qu’un des risques prédominants de blessure en cas d’explosion est dû aux bris de vitres.
Le bois, plus résistant que le PVC
Des interventions forcément particulières, devenues une des spécialités de Lorillard. "Mais au sein de l'agence Auvergne-Rhône-Alpes, nous n'avions pas d'expérience sur ce type de chantier PPRT."
Pas de quoi effrayer le chargé d'affaires qui, en 2018, a donc répondu à l'appel d'offres lancé par Lyon Métropole habitatdans le cadre d'une mise aux normes de 294 logements des résidences Hautes-Roches, à Pierre-Bénite.
Retenues pour deux des quatre bâtiments –"les plus exposés aux risques"-, les têtes pensantes de Lorillard bâtiment ont dû mener un vrai travail de recherche pour répondre aux exigences requises.
"Déjà, dès le départ, nous avons travaillé sur des menuiseries bois, structurellement plus résistantes que des menuiseries PVC, explique Flavien Heyraud conducteur de travaux principal chez Lorillard bâtiment. Elles ont été équipées d’un vitrage feuilleté FS 44.2. Ce sont deux verres de 4 mm séparés par une feuille de 2mm, dotés d’un film feuilleté adhésif qui va permettre de retenir les morceaux de verre en cas d’explosion."
Une intervention en site occupé pour Lorillard
Mais, pour limiter au maximum les risques, Lorillard bâtiment a également opté pour une pose bien particulière. "Nous avons fait le choix de poser les menuiseries en tunnel, dans le tableau béton du bâtiment, devant les anciens dormants laissés en place. Ça permettait d'apporter de la résistance supplémentaire."
Des vis traversant la menuiserie ont également été intégrées. "Avec le bureau d'études de Lorillard, nous avons calculé les risques en cas d'explosion et nous avons doublé leur nombre par rapport à ce qui était demandé, pour garantir une parfaite rigidité", indique Flavien Heyraud.
D'autres chantiers PPRT à venir
Autre contrainte à laquelle Lorillard a dû faire face sur le chantier de Pierre-Bénite, l'intervention en site occupé. "Pour nous, c'est presque habituel puisque nous ne faisons quasiment pas de neuf", précise tout de même Flavien Heyraud.
Pour s'adapter, les équipes ont mené les opérations avec l'aide d’une plateforme bi-mât et de chariots télescopiques. "La première étape a consisté en l’évacuation des anciens panneaux pare-flamme et des menuiseries PVC amiantées. La plateforme bi-mât a permis de réaliser ce travail par l’extérieur, sans souiller les logements. Les logements étant traversants, un travail simultané des deux côtés du bâtiment a été effectué."
Forte de cette expérience, l'antenne lyonnaise de Lorillard bâtiment espère bien rapidement transformer l'essai. "Ce chantier va nous donner une certaine crédibilité pour de futurs appels d'offre en zone PPRT."