Depuis plusieurs mois déjà, les entreprises de proximité sous soumises à une pression économique, accentuée par la flambée des prix de l'énergie. Qui sont les plus impactées ?
Louis Masson, président de l'U2P Auvergne-Rhône-Alpes : "C'est difficile de citer une profession plutôt qu'une autre. Néanmoins, on peut dire qu'elles sont nombreuses, très nombreuses même. On voit même beaucoup de patrons qui, aujourd'hui, tirent la sonnette d'alarme et nous disent que, si cela continue, ils vont devoir cesser leur activité.
"De plus en plus d'adhérents de l'U2P Auvergne-Rhône-Alpes n'en peuvent plus"
"S'il n'y avait "que" cette flambée de l'énergie, ça irait encore. Mais elle vient s'ajouter à toute une série de difficultés…"
C’est-à-dire ?
Depuis trois ans, on a subi plusieurs crises, à commencer par celle du Covid. Ça s'est poursuivi avec la hausse du coût des matières premières et la pénurie de main d'œuvre. Ça fait beaucoup. Pendant longtemps, les entreprises de proximité ont su faire le dos rond dans les périodes difficiles. Pour se rattraper, elles mettaient les bouchées doubles, ce qui leur permettait de faire face. Mais aujourd'hui, elles ne peuvent plus.
"On veut des solutions simples et efficaces"
Un bouclier tarifaire a pourtant été mis en place. Ça n'est pas suffisant ?
Non. C'est une avancée, certes, mais pour les TPE, on parle quand même d'un bouclier à 280 euros/MWh. Avant la hausse des prix, on était à 40 euros ! C'est une augmentation énorme.
D'autant plus que tous les professionnels ne peuvent pas bénéficier des aides…
Tout à fait. Si on prend l'exemple d'un menuisier dans la Drôme, en 2022, il payait 660 euros d'électricité par mois, avec un abonnement de 42 KvA. Mais, pour bénéficier du bouclier tarifaire, il faut souscrire à un abonnement tarif bleu, soit en dessous de 36 KvA. Donc en 2023, il va devoir payer 2 640 euros par mois.
Qu'attendez-vous des pouvoirs publics aujourd'hui ?
On veut des solutions simples et efficaces. Les aides proposées à l'heure actuelle sont d'une complexité telle que les chefs d'entreprise s'y perdent. Et ça change tous les jours. Depuis début janvier, on doit être à la huitième mouture d'aide. Ça n'est vraiment pas simple de s'y retrouver pour des professionnels qui sont déjà souvent dépassés. Ce que l'on demande actuellement, c'est de pouvoir travailler en gagnant notre vie correctement. Et pour ça, il faut des mesures adaptées.
Vous sentez poindre un vrai ras-le-bol de la part de vos adhérents ?
Beaucoup n'en peuvent plus. Et c'est un phénomène grandissant. Avant, on pouvait rencontrer ce phénomène avec des professionnels en fin de carrière. Mais là, ça touche tout le monde. Quand un patron d'une entreprise de proximité, qui travaille parfois 60h/semaine, se rend compte qu'il n'arrive même pas à se dégager un Smic, il se décourage. C'est humain.