Norbert Fontanel, vous avez succédé à Samuel Minot et pris vos fonctions récemment à la tête de BTP Rhône et Métropole pour trois ans, quelles vont être vos priorités ?
On peut parler du BTP sous toutes ses dimensions, sous l'angle économique, du logement etc. Mais ce que je veux en premier lieu, c'est parler des compagnons, de ceux qui se lèvent tôt pour qu'à la fin de la journée il y ait un mur monté, une salle de bain terminée, ou un interrupteur et la lumière partout. C'est aussi l'ambiance de copains qui peut régner sur le chantier, avec de la solidarité parce que cela reste des métiers plus durs que beaucoup d'autres.
Norbert Fontanel : "Le BTP reste un ascenseur social"
Communiquer sur les gens et les métiers, cela peut être efficace sur le recrutement ?
Bien sûr, si l'on ne parle pas des métiers, les gens n'auront pas de raison d'y venir. Le BTP reste un ascenseur social, où l'on se forme tout au long de la vie. Un salarié, pour peu qu'il ait l'intelligence de la tête ou de la main, peut évoluer. L'alternance, par exemple, est un excellent système pour former, recruter.
Et l'insertion ? Le BTP en fait beaucoup, non ?
Dès que l'on prend un apprenti, on fait de l'insertion, qu'il soit en échec scolaire ou pas. Quant aux clauses d'insertion dans les chantiers, cela ne marche pas toujours avec tous les gens qu'on nous propose. Le bâtiment n'est pas forcément là pour récupérer toute la misère sociale, même s'il en prend une grande part par rapport aux autres secteurs. Les salariés du bâtiment sont des professionnels à part entière, avec chacun leur intelligence de métier à tous niveaux. Ils ont tous la valeur travail ancrée en eux.
"50 % de nos adhérents sont hors métropole"
Vous évoquez un axe de travail autour des territoires ?
Nous sommes BTP Rhône et Métropole, mais le métier ce n'est pas que dans les tours de la Part Dieu. On veut décentraliser sur les territoires. On représente 900 entreprises, de la TPE au grand groupe, 50 % de nos adhérents sont hors métropole. L'entrepreneur qui est à Rive-de-Gier ou Saint-Symphorien-sur-Coise n'a pas le temps de venir le soir à Villeurbanne pour une réunion. BTP Rhône, c'est quatre territoires : Rhône-Sud, l'Ouest, les Monts du Lyonnais, le Beaujolais. Symboliquement, nous ferons prochainement la première réunion de bureau du mandat sur le territoire Sud. On le fera au moins une fois par trimestre.
La décarbonation du métier est dans les orientations de BTP Rhône…
Le bâtiment est au cœur des actions de décarbonation. Cela passe par les industriels qui sortent les produits. On travaille de très près avec eux. Nous sommes les applicateurs des nouvelles méthodes de construction. On a des propositions toutes les semaines des industriels pour tester tel ou tel produit. Architectes et maîtrise d'œuvre sont également engagés dans le même sens.
Est-ce que les entreprises peuvent proposer des matériaux éco vertueux malgré des coûts encore un peu plus chers ?
L'entreprise qui ne sera pas moteur dans la démarche environnementale est vouée à disparaître aujourd'hui. On voit bien que les logements de catégories F et G ne se louent plus. Il faut proposer aux clients une démarche environnementale au maximum, l'argument économique fonctionne car à la revente de son bien, le client s'y retrouvera, avec un logement peu consommateur en énergie.
Quelles sont vos relations avec les collectivités et la commande publique ?
On passe le message de lisser les investissements et de lancer les chantiers régulièrement tout au long du mandat des élus, et pas seulement sur les trois dernières années. Cela permet aux entreprises de mieux gérer l'emploi.