« Je connais bien les gens de la montagne, je sais que les difficultés, loin de les abattre, viennent les stimuler », a d'emblée déclaré Jean Castex, à l'adresse d'un auditoire représentatif des massif auxquels il comptait apporter des raisons supplémentaires d'y croire. C'est à Bourg-Saint-Maurice, dans cette ville savoyarde, symbolisant bien l'économie liée aux sports d'hiver que le Premier ministre avait choisi de présenter, à l'issue d'une saison sans remontées mécaniques, son plan montagne de relance.
Au préalable, il avait visité le funiculaire qui relie la gare de Bourg-Saint-Maurice à la station des Arcs, excellente illustration d'un équipement multimodal prémonitoire (plus de trois décennies de fonctionnement) des orientations futures de liaisons pouvant réduire l'utilisation de la voiture, dans le cadre de la transition écologique. Celle-ci faisant pleinement partie, certes pour une part plus modeste, d'un plan se proposant de consacrer 650 M€ de deniers publics aux territoires de montagne dont 331 financés par l'État et les Régions pour le fonds "Avenir montagnes" qui va financer des projets de diversification de l'économie touristique.
Car, au yeux du chef de gouvernement, l'économie montagnarde étant « ultra-dépendante du ski alpin » et « menacée par le réchauffement climatique », il s'agit d'en assurer un développement toutes saisons. A l'exemple encore une fois de ce qu'il a pu voir aux Arcs avec les parcours d'aventures dans les arbres, des installations pour le VTT et d'autres axes de développement d'un tourisme d'été. Celui-ci ne pourra que bénéficier des 10 M€ consacrés à la protection de la biodiversité, avec en particulier la restauration de 1000 kilomètres de sentiers de randonnée.
Problématique des lits froids
Il convient également de transmettre l'amour de la montagne aux jeunes, la reconduction dans les massifs de la mesure des "colos apprenantes", étant acté, avec une enveloppe de 5 M€ pour proposer des formules d'apprentissage qui intègrent la notion de développement durable à celle des loisirs.
Autre volet, celui visant résoudre la question problématique dite des "lits froids", ces hébergements qui ne sont utilisés que quelques semaines par an, par leurs propriétaires, dans les stations alors que l'on continue, par ailleurs, à artificialiser des sols pour de nouvelles constructions.
Pour résorber une partie des "lits froids", la Banque des territoires (BPI) va être appelée à investir 125 M€ sur cinq ans, dans des foncières, aux côtés d'autres investisseurs, ce qui devrait permettre d'en racheter autour de 5000 par an, dans l'optique de rénover, avant de les louer tout au long de l'année à des vacanciers par des opérateurs de résidences de tourisme.
Des mesures assez bien accueillis, ayant « brisé une partie des peurs des montagnards », selon, Jean-Luc Boch, maire de la Plagne et président de l'association nationale des maires des stations de montagne, espérant que « le modèle économique va repartir dès cet été ».
Pour Fredi Meignan, vice-président de l'association écologiste Mountain Wilderness, « c'est un premier pas pour la transition des territoires de montagne, ouvrant les portes d'une nouvelle dynamique ».
Sur un plan plus politique, Laurent Wauquiez, président d'Auvergne-Rhône-Alpes, note « des avancées positives », non sans manquer de souligner que sa Région apporte, à elle seule, 200 M€ à la montagne.
Quoi qu'il en soit, c'est un Jean Castex visiblement satisfait, en cette journée ensoleillée, de cette bulle d'oxygène dans son emploi du temps de Premier ministre qu'il prit plaisir à prolonger dans une rue piétonne, serrant des mains et échangeant des propos avec ces montagnards dont il partage bien des affinités.