AccueilActualitésSamuel Minot : "Le sujet du moment, c'est le logement"

Samuel Minot : "Le sujet du moment, c'est le logement"

Samuel Minot, le président de la Fédération BTP Rhône et Métropole, qui organise son assemblée générale jeudi 30 juin, revient sur les derniers mois, particulièrement mouvementés pour le secteur.
Samuel Minot, président du BTP Rhône et Métropole.
BTP Rhône et Métropole - Samuel Minot, président du BTP Rhône et Métropole.

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Pour votre assemblée générale (jeudi 30 juin), la thématique choisie est « Un monde en transition ». Pourquoi ?

On est actuellement dans une période de disruption très forte sur beaucoup de sujets. Que ça soit sur l’innovation, la formation, la transition écologique… Notre monde mute, et nos entreprises doivent se réinventer. D’abord pour répondre aux attentes de nos collaborateurs. Mais aussi par rapport aux pouvoirs publics, qui nous poussent dans une démarche de RSE, dans une transformation du travail en lui-même…

"Dans le BTP, nous travaillons chaque jour sur du concret"

Le Covid a également accéléré cette transformation. Aujourd’hui, les entreprises doivent avoir une raison d’être. Tout ça est souvent compliqué à intégrer pour les professionnels qui, la plupart du temps, ont la tête dans le guidon toute la semaine.

Alors, avec notre assemblée générale, on va leur proposer de prendre un peu de hauteur, de regarder un peu plus loin. De s’ouvrir l’esprit sur la dimension sociologique de nos organisations. Pour ça, on aura le témoignage du philosophe André Comte-Sponville, et des entrepreneurs Patrick Martin, du Medef, Marie-Sophie Obama, présidente de l’Asvel féminin, et Frédéric Gondeau, qui dirige une Scop.

Cette mutation, c’est une chance ou une contrainte pour le secteur du BTP selon vous ?

Je préfère voir ça comme une chance. Depuis le Covid, les gens sont en quête de sens dans leur métier. Et nous, dans le BTP, nous travaillons chaque jour sur du concret. Nous sommes des bâtisseurs, des rénovateurs et ça parle de plus à plus. On voit tous les jours des salariés du numérique ou de l’informatique, avec des formations d’ingénieurs et qui font le choix de repartir sur des CAP plomberie, menuiserie…. C’est bien la preuve que nos métiers parlent. Mais, pour amplifier cette dynamique, c’est à nous de continuer à nous réinventer et de redonner du sens.

@Shutterstock

C’est comme cela que vous pourrez palier aux manques de main d’œuvre actuels ?

Je le pense, oui. Aujourd’hui, on a un mal dingue à trouver de la main d’œuvre. Pourtant, on forme beaucoup, les effectifs ne cessent d’augmenter dans les filières d’apprentissage, le secteur enregistre 8 000 recrutements supplémentaires sur le premier trimestre 2022… Ça avance, mais pas assez vite par rapport aux besoins. Alors servons nous de cette quête de sens pour attirer encore plus.

"La crise des matériaux a un impact énorme sur les trésoreries"

La RE2020, qui inspire le changement pour certain, a été vu comme une contrainte par de nombreux professionnels. Six mois après sa mise en place, c’est toujours le cas ?

La FFB a toujours été très engagée sur ces questions-là. Nous sommes une filière de techniciens. Lorsqu’il s’agit de trouver des solutions pour améliorer la construction, nous répondons présents. Aujourd’hui, la RE2020 est venue graduer toutes les réglementations thermiques sur lesquelles nous travaillons depuis plusieurs décennies. Donc on l’a accueilli, on s’est organisée pour la prendre en compte. Et désormais, les entreprises ont bien compris comme cela fonctionnait. Que ça soit les moteurs de calcul, les matériaux, les modes constructifs… Maintenant, il reste la contrainte économique. On sait très bien que tout ce qui vise à la transition écologique coûte plus cher. Mais, à l’heure actuelle, le BTP est largement plus impacté par la crise des matériaux que par le surcoût de la RE2020.

Cette crise des matériaux, c’est toujours une inquiétude ?

Bien sûr. On le sait, la crise ukrainienne, qui faisait suite à la crise du Covid, a un impact énorme sur notre activité (NDLR : selon l’Insee, entre novembre 2021, et avril 2022, les prix des aciers pour la construction et des demi-produits en aluminium ont encore progressé de 27 %, ceux des tuiles de 20 %, ceux des produits PVC de 16 %, ceux des produits céramiques de 12 %...). Les coûts de construction ont explosé. Et si on ajoute à ça la hausse de l’inflation et l’envolée des taux, on peut facilement comprendre que beaucoup de professionnels soient inquiets.

"Une généralisation de la tempérance sur les prix des matériaux"

Au mois de mars, vous aviez réclamé une solidarité de la filière pour faire face à la hausse des matières premières. Vous avez été entendu ?

Pas par tous. Les collectivités ont eu une oreille attentive à nos revendications. Par contre, sur les marchés privés, c’est plus compliqué, même si on a réussi à déverrouiller la situation avec certains promoteurs. Mais on demande toujours une généralisation de la tempérance sur les prix des matériaux et une insertion systématique de clauses de variations de prix.

On sent que les trésoreries se tendent. La flambée des matériaux a contraint certaines entreprises à surstocker."

Depuis quelques semaines, les entreprises ont commencé à rembourser les PGE. Ça a entraîné des défaillances ?

Non, pas pour le moment. On est toujours sur des niveaux de défaillances très bas, avec -40 % par rapport à 2019. Mais on sent que les trésoreries se tendent. La flambée des matériaux a contraint certaines entreprises à surstocker. Les fournisseurs, eux, ont limité les encours. Conséquence, aujourd’hui, le besoin en fonds de roulement a explosé. Ce qui pousse certaines entreprises à consommer les PGE auxquels elles n’avaient pas touché pendant la crise Covid. Elles en ont besoin pour bénéficier de lignes de crédits. Donc oui, on peut le dire, on rentre dans une période qui va être tendue. Pour l’instant ça tient. Mais on sent que c’est fragile.

Nous sortons également d’un long cycle électoral. Qu’attendez-vous du nouveau gouvernement ?

A la FFB, nous avons formulé 85 propositions sur la transition écologique, la simplification administrative, la lutte contre la fraude ou encore la promotion de l’emploi durable. Mais le sujet prégnant pour nous, c’est le logement. Il y a une désynchronisation complète aujourd’hui entre les politiques publiques nationales et les politiques publiques locales sur le logement et l’aménagement du territoire. Ce qui entraîne un manque de foncier et une délivrance des permis de construire toujours plus longue. Il faut refaire du logement une grande cause nationale aujourd’hui.

La suite de l'interview dans notre édition du 30 juin

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