La Chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) de la Loire a été contrainte de revoir son fonctionnement, comme un certain nombre de structures. Bien que fermée au public, la chambre consulaire maintient le contact avec les 17 000 entreprises artisanales du territoire, dont les dirigeants - dans l'expectative d'une reprise qui s'annonce d'ores et déjà complexe - se trouvent dans une inquiétude légitime.
Selon une enquête réalisée par la chambre régionale sur le périmètre Auvergne-Rhône-Alpes, près de 6 artisans sur 10 expriment un fort, voire un très fort niveau de crainte quant à la pérennité de leur entreprise. Depuis le début de la crise, ils enregistrent une perte de 50 % de leur chiffre d'affaires. Pour identifier les problématiques et répondre aux interrogations des chefs d'entreprise, une campagne d'appels sortants sera menée par une dizaine d'agents de la chambre. L'objectif étant, selon le président ligérien Georges Dubesset, « de délivrer un premier niveau d'information et, pour les cas les plus pointus, d'obtenir une réponse dans la journée ».
Le souhait d'annuler les charges
Face aux différentes aides mises en place pour soutenir les entreprises et à la complexité des conditions d'obtention, « le dirigeant est perdu et a souvent besoin d'une analyse extérieure, admet le président de la chambre, soucieux de la situation. Si les problèmes de trésorerie sont légion et concernent 80 % d'entre eux, le plus grave est le report des achats et des investissements pour un tiers, ce qui préfigure la crise à venir ».
Aussi l'annulation pure et simple, et non pas le report des charges, est-elle le vœu défendu par la CMA, qui est intervenue auprès des parlementaires ligériens pour appuyer cette thèse. Fragilisées par le mouvement des Gilets jaunes, puis par les mouvements sociaux liés à la réforme des retraites, certaines entreprises ne pourront tout simplement pas payer leurs charges, 60 % d'entre elles étant à l'arrêt. « Une reprise, cela passe toujours par la confiance. Dans ce contexte, il faudra une confiance sanitaire et économique », présage Georges Dubesset.
La population doit jouer le jeu
Pour amorcer la reprise, CMA France finalise un plan de relance. Ce document de treize pages invite le gouvernement à se prononcer en faveur de la défiscalisation des heures supplémentaires qui seront utiles pour accompagner la relance, la relocalisation des produits industriels, une relance verte et durable et le développement des plateformes de vente pour les artisans. Il préconise également de s'appuyer sur des fonds européens.
Tout aussi important, le soutien de la population. Le président de la chambre ligérienne le reconnaît. « J'aimerais bien que les parutions que nous voyons fleurir, notamment sur les réseaux sociaux, soient suivies d'effets. Si les consommateurs semblent prendre conscience aujourd'hui qu'il faut valoriser les filières locales et de proximité, nous aurons besoin d'eux... Surtout demain ».
Georges Dubesset, président de la CMA de la Loire